sábado, 28 de janeiro de 2023

POEMAS CANTADOS DE LÉO FERRÉ

À mon enterrement

Léo Ferré


A mon enterrement j'aurai des cheveux blancsDes dingues et des Pop aux sabots de guitareDes cheveux pleins de fleurs des champs dedans leurs yeuxHennissant des chansons de nuit quand y'en a marreJ'aurai des mômes de passe, ceux que j'ai pas finisDes filles de douze ans qui gonflent sous l'outrageDes Chinoises des Russes des Nordiques rempliesDes rues décapitées par des girls de passageA mon enterrementEt je ferai l'amour avec le croque-mortAvec sa tête d'ange et ses dix-huit automnesDouze pour la vertu et six mourant au portQuand son navire mouillera comme un aumôneA mon enterrement j'aurai un cœur de ferEt me suivrai tout seul sur le dernier bitumeLâchant mon ombre enfin pour me mettre en enferDans le dernier taxi tapinant dans la brumeA mon enterrementComme un pendu tout sec perforé de corbeauxA mon enterrement je gueulerai quand mêmeJ'aurai l'ordinateur facile avec les motsDes cartes perforées me perforant le thèmeJe mettrai en chanson la tristesse du ventQuand il vient s'affaler sur la gueule des pierresLa nausée de la mer quand revient le jusantEt qu'il faut de nouveau descendre et puis se taireA mon enterrementA mon enterrement je ne veux que des mortsDes rossignols sans voix des chagrins littérairesDes peintres sans couleurs des acteurs sans décorDes silences sans bruits des soleils sans lumièreJe veux du noir partout à me crever les yeuxEt n'avoir jamais plus qu'une idée de voyanceSous l'œil indifférent du regard le plus creuxDans la dernière métaphore de l'offenseA mon enterrement


À Saint-Germain-des-Prés

Léo Ferré


J'habite à Saint-Germain-des-Prés

Et chaque soir j'ai rendez-vous

Avec Verlaine

Ce vieux pierrot n'a pas changé

Et pour courir le guilledou

Près de la Seine

Souvent l'on est flanqué

D'Apollinaire

Qui s'en vient musarder

Chez nos misères

C'est bête, on voulait s'amuser

Mais c'est raté

On était trop fauchés


Regardez-les tous ces voyous

Tous ces poètes de deux sous

Et leur teint blême

Regardez-les tous ces fauchés

Qui font semblant de ne jamais

Finir la semaine

Ils sont riches à crever

D'ailleurs ils crèvent

Tous ces rimeurs fauchés

Font bien des rêves quand même

Ils parlent le latin

Et n'ont plus faim

A Saint-Germain-des-Prés


Si vous passez rue de l'Abbaye

Rue Saint-Benoît, rue Visconti

Près de la Seine

Regardez le monsieur qui sourit

C'est Jean Racine ou Valéry

Peut-être Verlaine


Alors vous comprendrez,

Gens de passage,

Pourquoi ces grands fauchés

Font du tapage

C'est bête

Il fallait y penser

Saluons-les

A Saint-Germain-des-Prés

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