sexta-feira, 10 de fevereiro de 2023

POEMAS CANTADOS DE LÉO FERRÉ

 


Tu ne dis jamais rien

Léo Ferré


Je vois le monde un peu comme on voit l'incroyableL'incroyable c'est ça c'est ce qu'on ne voit pasDes fleurs dans des crayons Debussy sur le sableA Saint-Aubin-sur-Mer que je ne connais pasLes filles dans du fer au fond de l'habitudeEt des mineurs creusant dans leur ventre tout chaudDes soutiens-gorge aux chats des patrons dans le SudA marner pour les ouvriers de chez RenaultMoi je vis donc ailleurs dans la dimension quatreAvec la Bande dessinée chez mc 2Je suis Demain je suis le chêne et je suis l'âtreViens chez moi mon amour viens chez moi y a du feuJe vole pour la peau sur l'aire des misèresJe suis un vieux Bœing de l'an quatre-vingt-neufJe pars la fleur aux dents pour la dernière guerreMa machine à écrire a un complet tout neufJe vois la stéréo dans l'œil d'une petiteDes pianos sur des ventres de fille à ParisUn chimpanzé glacé qui chante ma musiqueAvec moi doucement et toi tu n'as rien ditTu ne dis jamais rien tu ne dis jamais rienTu pleures quelquefois comme pleurent les bêtesSans savoir le pourquoi et qui ne disent rienComme toi, l'œil ailleurs, à me faire la fêteDans ton ventre désert je vois des multitudesJe suis Demain C'est Toi mon demain de ma vieJe vois des fiancés perdus qui se dénudentAu velours de ta voix qui passe sur la nuitJe vois des odeurs tièdes sur des pavés de songeA Paris quand je suis allongé dans son litA voir passer sur moi des filles et des épongesQui sanglotent du suc de l'âge de folieMoi je vis donc ailleurs dans la dimension ixeAvec la bande dessinée chez un amiJe suis Jamais je suis Toujours et je suis l'IxeDe la formule de l'amour et de l'ennuiJe vois des tramways bleus sur des rails d'enfants tristesDes paravents chinois devant le vent du nordDes objets sans objet des fenêtres d'artistesD'où sortent le soleil le génie et la mortAttends, je vois tout près une étoile orphelineQui vient dans ta maison pour te parler de moiJe la connais depuis longtemps c'est ma voisineMais sa lumière est illusoire comme moiEt tu ne me dis rien tu ne dis jamais rienMais tu luis dans mon cœur comme luit cette étoileAvec ses feux perdus dans des lointains cheminsTu ne dis jamais rien comme font les étoiles


C'est extra

Léo Ferré


Une robe de cuir comme un fuseau
Qu'aurait du chien sans l'faire exprès
Et dedans comme un matelot
Une fille qui tangue un air anglais
C'est extra
Un moody blues qui chante la nuit
Comme un satin de blanc d'marié
Et dans le port de cette nuit
Une fille qui tangue et vient mouiller

C'est extra c'est extra
C'est extra c'est extra
Des cheveux qui tombent comme le soir
Et d'la musique en bas des reins
Ce jazz qui d'jazze dans le noir
Et ce mal qui nous fait du bien
C'est extra
Ces mains qui jouent de l'arc-en-ciel

Sur la guitare de la vie
Et puis ces cris qui montent au ciel
Comme une cigarette qui brille
C'est extra c'est extra
C'est extra c'est extra
Ces bas qui tiennent hauts perchés
Comme les cordes d'un violon
Et cette chair que vient troubler
L'archet qui coule ma chanson

C'est extra
Et sous le voile à peine clos
Cette touffe de noir jésus
Qui ruisselle dans son berceau
Comme un nageur qu'on attend plus
C'est extra c'est extra
C'est extra c'est extra
Une robe de cuir comme un oubli
Qu'aurait du chien sans l'faire exprès
Et dedans comme un matin gris
Une fille qui tangue et qui se tait

C'est extra
Les moody blues qui s'en balancent
Cet ampli qui n'veut plus rien dire
Et dans la musique du silence
Une fille qui tangue et vient mourir
C'est extra
C'est extra
C'est extra
C'est extra


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